Je me souviens avec tendresse de ma rencontre avec Manon. C’était lors de la cérémonie de baptême laïque de Teri-Rose, que je vous contais dans un précédent article.
Je crois avoir tout de suite remarqué la passion dans ses yeux. Celle de son métier et de ses produits. Elle dégageait ce petit truc qui m’a immédiatement donné envie de découvrir qui elle est. Le moment n’était pas idéal pour pouvoir converser, elle était bien trop affairée. Alors j’ai fait sa connaissance à travers ses délices remplis de poésie, de la vue au goût. Et j’ai compris que cette jeune femme avait vraiment quelque chose de spécial.
Nous avons repris contact via les réseaux sociaux, et même si nous n’avons toujours pas eu l’occasion de véritablement discuter, nous partageons régulièrement de jolis échanges. Comme celui réalisé dans cette interview que je me réjouissais énormément de vous faire découvrir.
Merci Manon pour tes jolis mots qui accompagnent à la perfection tes savoureuses créations.
Bonjour Manon ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Manon, j’ai 33 ans et j’ai le grand bonheur d’être cheffe de cuisine au sein d’Une Petite Robe en Soie, le projet d’une cuisine locale et responsable que j’ai créé.
Amoureuse d’une montagne où je passais tous mes étés étant petite, j’ai grandi dans une famille de deux enfants. Elevée au riz complet et aux lentilles, sans télévision et sans vaccins, j’ai eu la chance de grandir dans des valeurs qui guident aujourd’hui mes projets.
Je travaille actuellement sur l’ouverture du Labo d’Une Petite Robe en Soie qui est prévu pour janvier 2020. Le labo c’est avant tout une cafétéria responsable et un lieu où déposer mon service traiteur. Ce lieu ouvrira au centre-ville de Monthey en janvier prochain dans le Centre des Energies Artisanales du Chablais (CEARC) que je crée de concert avec Frédéric Gomez, créateur de Terrelocale.ch. Fred y déposera aussi son supermarché local et l’on crée ensemble un espace de coworking pour artisans dans ce centre également !
J’aime dire que je crée des projets le jour et que je fais des gâteaux la nuit ! C’est une chance incroyable d’avancer dans de si jolis projets !
Cuisinière autodidacte à 100%, j’ai beaucoup étudié à travers la lecture, la diététique et la nutrition, bagages que je glisse avec malice dans ma cuisine à chaque création. Je m’intéresse actuellement à l’étude des fleurs et des plantes de montagne, cela me plaît beaucoup.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai toujours rêvé de devenir cheffe, mais j’ai choisi, par sécurité je crois, de m’orienter vers une carrière dans le secteur commercial.
D’une maturité professionnelle commerciale, j’ai ensuite évolué vers l’assistanat de direction, domaine dans lequel j’ai exercé pendant près de 6 ans.
A peine âgée de 30 ans, trouvant que cette vie ne faisait aucun sens pour moi, j’ai créé le blog d’unepetiterobeensoie.com, le blog d’une apprentie cuisinière et écrivain. Sur ce blog, je déposais des textes et des recettes que j’improvisais pour la plupart, décrivant un monde au sein duquel j’œuvrais comme cheffe. Et puis ce monde s’est offert à moi…
Pourquoi “Une petite robe en soie” ?
Une Petite Robe en Soie, c’est le nom du blog que j’avais choisi alors que je me laissais bercer par Cabrel et sa chanson : “La robe et l’échelle” que j’aime beaucoup… J’écrivais à la création du blog : “Il me fallait un titre de blog en hommage à nos malicieux rendez-vous. J’en ai gardé la robe et comme il me plaisait d’être jolie le jour où je m’oserais à vous, je l’ai choisie de soie.”
Petit à petit, des amis, puis des amis de mes amis ont commencé à s’intéresser à mes recettes et m’ont passé les premières commandes. D’abord uniquement de la pâtisserie, puis des apéritifs et des repas complets.
Un soir de mai, en 2018, quelqu’un qui compte beaucoup, et qui avait l’air parfois de croire plus en moi que moi-même, m’a demandé : “De toute manière, maintenant (que tu touches ton rêve du bout des doigts), qu’est-ce que tu pourrais faire d’autre ?” Je lui ai répondu : “Rien ! Je ne pourrais absolument plus rien faire d’autre !”
Alors, grâce à notre discussion de ce soir-là et à ce que le ciel avait visiblement prévu pour moi, j’ai trouvé le courage qu’il fallait. Et c’est ainsi que je suis devenue Cheffe de cuisine, en créant dans les jours qui suivirent, l’entreprise “Une Petite Robe en Soie” du nom du blog que j’avais créé 3 ans auparavant.
Que proposes-tu comme cuisine ?
Mon projet est le projet d’une cuisine locale et responsable. Cette ligne directrice donne le ton. J’y diversifie ensuite les activités en passant des apéritifs aux cours de cuisine, aux commandes de gâteaux, par des mandats de Cheffe à domicile, etc.
Ta cuisine est locale et zéro déchet, peux-tu nous en dire plus ?
Ma cuisine est surtout responsable. C’est-à-dire que je travaille essentiellement des produits locaux (qui viennent à moins de 20 km de l’endroit où je cuisine) et s’ils ne peuvent pas être locaux je veille à ce qu’ils soient le plus responsables possibles. Il existe un tas d’associations qui œuvrent pour un commerce équitable et responsable, autant pour l’humain que pour le produit. Je vais à leur rencontre en portant une attention particulière aux produits qui m’aident à créer mes recettes.
Je fais aussi attention à la réduction des déchets à travers chacune de mes prestations culinaires et j’ai beaucoup de plaisir à transmettre cette sensibilité à mes clients. Pour un apéritif, pour un repas, on regarde ensemble ce qui peut être fait au mieux pour réduire les déchets.
Je suis intransigeante sur les valeurs de mon projet et elles dictent le pas. Il n’y a donc pas à discuter. En revanche, c’est très intéressant de voir que les gens sont de plus en plus sensibles à toutes ces choses. Cette ouverture est une chance inouïe.
D’où viennent tes ingrédients et comment les choisis-tu ?
Ce sont les ingrédients qui me choisissent. Souvent c’est la saison qui donne le menu, puis c’est la terre, ce qu’elle décide de donner ce qu’elle donne au producteur qui la travaille. Si on travaille des produits responsables on ne peut pas tout avoir tout le temps, il faut prendre ce qu’on nous donne. C’est à contre-courant de notre époque ! J’aime beaucoup !
Les produits frais et les légumes me sont livrés par Fred (terrelocale.ch) et sont garantis frais du jour chez le producteur. C’est un plus magnifique de collaborer dans cette confiance.
Comment crées-tu tes plats ?
Je choisis rarement à l’avance. Quasiment jamais, les recettes toutes faites m’ennuie. J’improvise avec ce que la saison et ce que la terre donnent, je prends parfois des idées et je les revisite selon l’envie du moment.
Je regarde, j’imagine les saveurs, j’imagine leur odeur et leur goût et puis je les marie. Sans presque jamais déguster, sans jamais tester. Ces moments de création sont magiques !
Je les vis comme une cérémonie : des ingrédients parfaits, des produits magnifiques ! Mon seul rôle est celui d’un outil qui assemble et façonne en respectant simplement certaines bases élémentaires de cuisine et de diététique. C’est à chaque fois unique et cela me plaît beaucoup !
Une idée d’assortiment pour un mariage ou un baptême ?
Je n’ai pas de catalogue d’assortiments, j’envisage chaque mandat comme un rendez-vous unique. Je rencontre mes clients et c’est à ce moment-là que l’on parle ensemble de ce qui pourra être fait conformément à leurs attentes.
Les prestations de traiteur pour un mariage ou un baptême doivent être parfaites et correspondre totalement aux attentes de mes clients. C’est important. Chaque client est différent, chaque histoire l’est. Il en va de même pour les assortiments que je propose. Ils sont faits sur mesure pour chaque rendez-vous, afin que chaque client s’y retrouve.
Tu proposes des cours et ateliers, comment se déroulent-ils ?
Je donne des cours au sein d’universités populaires, d’autres écoles, dans certains magasins comme Chez Mamie et dans le domaine privé, à la demande, dès 5 personnes.
Les cours sont des moments de partage que j’aime aussi beaucoup ! Durant ces ateliers, j’emmène mes clients dans leur zone de création et j’essaie de les rendre autonomes. Je les fais sentir, toucher, écouter, goûter. Le contact au sens est primordial, si on sait ressentir on sait cuisiner ! C’est une confiance qu’il faut acquérir et ensuite c’est un univers qui s’ouvre… et c’est presque magique.
Comment peut-on te contacter et où te trouver ?
Je réponds aux emails sur unepetiterobeensoie@gmail.com et aux messages qui arrivent via le formulaire de contact de mon site internet www.unepetiterobeensoie.com.
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