Dans une boîte
” Je rêvais d’un autre monde
Où la terre serait ronde,
Où la lune serait blonde,
Et la vie serait féconde. “
Téléphone
Cela fait plusieurs mois que j’ai l’impression de vivre dans une boîte.
J’ai très envie d’écrire ce texte depuis quelques jours, il me brûlait le clavier. Il te parlera peut-être à toi aussi. J’espère qu’il t’apportera un tant soit peu de réconfort, comme celui que je m’engage à amener au monde à ma toute petite échelle, et encore plus depuis que je suis dans cette boîte.
Au début
L’un des côtés de cette boîte restait ouvert, me permettant d’en sortir pour m’abreuver de la lumière dont j’avais besoin, de contacts physiques récurrents, d’unions aussi belles que presque inespérées, de sourires même parfois voilés, mais ils prédominaient encore.
Puis ce côté s’est refermé
Je n’ai pas compris.
Mon cœur n’a pas compris.
J’ai trouvé qu’il faisait noir.
Je me suis sentie à l’étroit.
J’ai eu de plus en plus de mal à respirer.
J’ai petit à petit réalisé que je devais d’abord déceler une autre sorte de lumière. La créer. C’est ce même cœur qui m’a permis d’y voir plus clair.
Puis j’ai saisi que j’avais une chance immense : celle d’être entourée des personnes que j’aime le plus au monde dans cette boîte. Et que si l’on a parfois l’impression de ne plus en voir la sortie, le plus important est qu’on y est ensemble, plus proches que jamais. Il y a même une nouvelle vie qui y a pris racine dans mon ventre il y a quelques mois.
Dans cette boîte
Il y a nous, notre maison, notre univers, et la nature environnante. C’est une grande, voire très grande boîte. Certainement qu’aux yeux de personnes moins chanceuses, elle semble immense.
Alors pourquoi ai-je ce sentiment d’oppression qui m’envahit depuis un an ?
Peut-être parce que malgré l’espace autour, je ne me sens plus totalement libre de mes mouvements.
Peut-être parce que je ne me trouve plus complètement libre d’exprimer mon amour comme je le désire.
Peut-être parce que je voudrais voir la Terre sourire à nouveau.
Peut-être parce que je souhaiterais que l’Amour puisse enfin surpasser la peur.
Peut-être parce que je suis encore plus consciente des dualités acérées de notre monde.
Peut-être parce que mes propres questionnements incessants m’étouffent parfois.
Surtout, parce que cette réalité ne correspond pas à celle que j’envisage pour l’avenir et pour mes enfants.
Je sais qu’un jour ce pan de mur sera ré-ouvert.
Qu’y aura-t-il de l’autre côté ?
Nul ne le sait « à notre échelle », mais quelque chose me dit que le paysage aura changé.
Je veux croire qu’il sera différent, plus doux et coloré.
La lumière sera d’autant plus puissante qu’on se sentira ébloui.
Alors on avancera, quelque peu dans l’aveuglement de ce nouveau monde qui semblera si familier et étranger en même temps. Les boîtes tomberont. L’intensité de la lumière les brûlera naturellement.
En attendant, j’ai compris qu’il y a un potentiel dans cette boîte. Celui de pouvoir continuer à créer, s’inspirer, diffuser, aimer, se passionner, apprendre, se reconnecter, SE TROUVER. Plus que jamais.
Aujourd’hui
Je veux faire rimer privation avec introspection.
Je veux que les larmes qui roulent à l’intérieur de soi nettoient chaque blocage émotionnel.
Je veux qu’à partir du mon con s’ensuive une naissance, la connaissance. De soi. Car c’est lorsque l’on se connait véritablement que l’on peut construire une armée d’amour contre la connerie et la méconnaissance.
Au moment où j’écris tout cela, je sens mon cœur qui s’emballe et mon bébé qui bouge. Il sait certainement déjà qu’il sera l’un des soldats du cœur de ce nouveau monde. Je m’apaise en pensant qu’il a choisi de rallumer la lumière, comme toutes ces petites âmes à venir ou ici présentes pour un autre avenir. Elles veillent sur nous bien plus qu’on ne l’imagine.
Je regarde les murs de cette boîte
On dirait qu’il s’agit d’un mini monde dans un autre monde. Je pense aux poupées russes, et je me dis que je ne suis probablement pas dans la toute dernière, la plus petite. Parce qu’au fond de mon être, je me sens de plus en plus libre alors que tant d’éléments se referment.
Je vais puiser cette liberté à l’intérieur, à défaut de pouvoir la vivre à l’extérieur.
Cela me permet d’accéder encore à un autre monde.
Celui-ci, il était bien caché.
Je ne l’aurais jamais soupçonné d’exister.
Et pourtant…
On y fait aussi des rencontres. Des rencontres d’âmes merveilleuses.
On y observe l’art sous un nouvel angle. On se découvre soi-même artiste quand on comprend comment s’y mouvoir et que l’on ose s’émouvoir.
On ressent et perçoit différemment, plus subtilement, plus fougueusement parfois. Parce que l’on a ouvert une autre porte. On a laissé ses habits à l’extérieur. On est nu dans ce monde. Cela paraît étrange, gênant surtout au départ. Et puis on s’habitue. On s’en amuse.
Et on retrouve ce sourire éclatant. Car en ôtant ses vêtements, on a quitté le superflu.
Dans ce monde, on ne se jauge pas, on ne se juge pas les uns les autres.
On voit juste des cœurs vibrer.
Et on enlace nos pensées.
Car on a trouvé la Force.
Celle qui rend l’âme invincible.